Jean-Louis Pinçon sculpteur assembleur

Par Michel Bénard

Jean-Louis Pinçon nous surprend par son mode d’expression, nous questionne, nous ébahie, mais surtout il a ce pouvoir fabuleux de nous faire rêver. Il nous offre beaucoup de bonheur au travers de la plus sobre simplicité apparente.

Durant ses études le jeune Jean-Louis Pinçon sillonne la Grèce, mais principalement les iles qui furent un coup de cœur et eurent beaucoup d’influence sur lui, l’univers hellénique le passionna toujours et peut-être aujourd’hui plus encore. Comme on fait un pèlerinage, il retourne régulièrement sur les iles grecques, en particulier à Patmos où il possède un pied à terre.

Jean-Louis Pinçon bien que chirurgien orthopédiste, se passionne pour la géologie, d’ailleurs n’est-elle pas source de vie ? Le minéral l’interroge, C’est un peu d’où venons-nous ? Alors il questionne les variétés de galets, aux formes et couleurs variées, au marbre veiné, aux terres argileuses, aux pierres volcaniques, ce qui va déclencher en lui comme une évidence, celle de mettre en formes ces pierres usées et patinées par les éléments et le temps. Sans doute est-ce inconsciemment une manière de donner à la création un prolongement aux vibrations humaines.

Jean-Louis Pinçon n’entend nullement modifier la nature, mais peut-être est-ce une manière de se mettre en osmose et harmonie avec elle. La nature a déjà fait son œuvre depuis des millénaires, simplement il s’agit de lui restituer une forme nouvelle, un élan diffèrent.

Ainsi le sculpteur assembleur prolonge l’acte de la création d’un geste naturel, mais ne l’altère nullement. Il fait de l’art un jeu tout en respectant les codes naturels.

L’art de Jean-Louis Pinçon est une véritable école d’humilité, une sorte de réflexion intérieure, un espace pacifié, après une vie souvent sous tension car Jean-Louis Pinçon avait pour noble et humaine profession ou vocation, celle de chirurgien. Je vous laisse simplement imaginer la charge des responsabilités.

Alors par amour pour la Grèce et particulièrement ses iles, notre sculpteur assembleur va se mettre en quête de pierres, galets, de marbres divers et variés et va se laisser emporter par son imaginaire et loin de la rigueur condition sine qua non qui lui était imposée, il va trouver une signification pour donner une forme nouvelle à ses galets.

Atavisme, déformation professionnelle, en fait il va prolonger de manière divertissante une continuité à son ex-profession. D’ailleurs avec un peu d’humour nous pourrions presque voir dans ses sculptures en assemblage, la suite chirurgicale d’une chaine osseuse, où la poésie reprend sa place d’office et où la dérision a droit de cité.

Pinçon a besoin de la lumière des iles grecques et de ses minéraux, pour puiser dans la vie, l’étonnement et la révélation de l’allégorique.

Car n’oublions pas que le jardin de l’enfance est l’un des plus beaux champs de fertilité de l’onirisme et de la libération des entraves sociales, point essentiel et pourtant informel où la vie reprends sens.

Michel Bénard.

Lauréat de l’Académie française.

Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.